Être marchand durant la pandémie : la livraison à domicile
Les petites et moyennes entreprises qui constituent la mosaïque de marchands des Marchés de Chez-Nous ont dû faire preuve de beaucoup de résilience afin de faire face à la montagne de défis engendrée par le COVID-19.
Création de nouveaux services, adaptation aux nouvelles habitudes de consommation ou respect des mesures sanitaires, quelles solutions ont été mises en place par les entreprises locales afin de continuer à vous servir tout en assurant leurs survies?
Nous abordons cette série de publications avec les services de livraison à domicile, nouveaux pour certains depuis le début de cette pandémie.
Un service de livraison à domicile s’adaptant aux clients souhaitant éviter les lieux fréquentés, ne préférant ou ne pouvant pas se déplacer
Comme beaucoup de marchands, Nicole LeBlanc, cofondatrice de l'entreprise Gâteries JR’s Treats, a dû trouver des solutions afin de continuer à opérer malgré la pandémie.
Venant tout juste d’adopter le paiement sans-contact, grâce à une machine de cartes de crédit, Nicole et son conjoint Donald offrent depuis mars dernier un service de livraison à domicile afin de combler le manque à gagner causé par la fermeture puis le ralentissement du taux de fréquentation du Marché de Dieppe.
« C’est certain que nous apprécions énormément le soutien des gens.[...] Tout le monde ne se sent pas nécessairement à l’aise de se rendre au Marché et pour ceux qui s’efforcent d’y aller ce n’est pas toujours facile. Nous avons donc dû mettre en place d’autres moyens de distribution. »
La cofondatrice de Gâteries JR’s Treats poursuit : « La pandémie nous affecte énormément en termes de trafic au Marché et nous [les marchands] en souffrons tous un peu financièrement. La campagne mise en place durant le temps des Fêtes afin d’encourager la consommation locale a beaucoup aidé. Les gens continuent de répondre positivement et semblent vraiment impliqués. »
Un service collectif : des marchands solidaires et unis face aux difficultés
La ferme de produits laitiers Armadale Farm s’est ainsi unie avec d’autres petites entreprises locales de la région de Sussex afin de mettre en place un service de livraison à domicile collectif.
Ian Smyth, le propriétaire nous explique : « Essentiellement, ce partenariat a attiré des clients de la région de Fredericton, de Saint-Jean et de Moncton. Cela est pour compenser la perte que nous avions subie avec les restaurants et les gîtes avec lesquels nous avons eu affaire, mais ça n’a pas encore limité les dégâts, loin de là. »
Les livraisons préparées avec soins au sein de la ferme laitière étaient ensuite effectuées dans toute la région environnante par le propriétaire lui-même. « Nous avons apporté du pain, de la laitue, de la viande [...], tout ce que nous avions dans notre établissement, puis nous avons emballé les commandes dans des boîtes, nous les expédions et les livrons directement chez les clients. Je ne dirais pas non à personne, si quelqu’un habitait à 15 kilomètres et ne pouvait pas sortir, je faisais la livraison sans frais supplémentaire, il fallait seulement une commande de produits laitiers de 20 $ minimum. »
Ian et sa femme ont du veiller tard plus d’un soir afin de mettre ce service sur pied. « Une période de 2 semaines d’ajustement a été nécessaire, nous devions apprendre rapidement, parfois nous devions travailler tard dans la nuit, à 1 h ou 2 h du matin à essayer d’apprendre ce nouveau format, et une fois que nous l’avions maîtrisé, c’était beaucoup plus facile au fur et à mesure. »
Un effort qui a cependant eu un impact positif : « En faisant ça, nous avons également réalisé qu’il y avait un besoin, principalement pour les personnes âgées qui ne voulaient pas sortir, les personnes en fauteuil roulant et les personnes ayant des handicaps. Ils nous ont contactés pour qu’on fasse la livraison à domicile. Nous avions une variété de produits locaux sur notre site web, et cela s’est plutôt bien passé. »
« Dans l’ensemble, les ventes sont en baisse dans les différents marchés (Marché de Dieppe, Marché de Fredericton, le Marché Virtuel et le Marché du vendredi). Ma femme et moi, nous faisons trois fois plus de travail pour moins d’argent. Donc, avec un peu de chance, cela changera dans les mois à venir. »
La livraison au service d’une prise de conscience locale
La viande de Marché Boudreau Meat Market peut aussi vous être livrée. Un service qui a d’ailleurs permis une nette augmentation des ventes de l’entreprise.
Selon Jocelyn Boudreau, gérant des opérations de l’entreprise familiale, cette augmentation s’explique par le sentiment d’incertitude qu’a provoqué l’interruption de la chaîne d’approvisionnement en mars dernier.
« Je crois que [cet événement] a ouvert les yeux au public. Beaucoup ont compris que nous [les producteurs locaux] ne seront jamais à court de viande étant donné que nous ne dépendons pas des compagnies de Montréal ou Toronto pour nous approvisionner. »
Un service qui restera?
Pour ces trois marchands, le service de livraison restera peut-être une option proposée au terme de la pandémie. Une chose est sûre, cela dépendra des clients!
Ian Smyth, qui continue de proposer ce dernier, nous explique ainsi que les commandes ont considérablement baissé en comparaison au pic du confinement. « Le marché a pas mal ralenti. La demande était plus grande dans les épiceries lorsque les camions ne venaient pas. Il n’y avait pas de viandes et de pains livrés nulle part, ça a rempli le vide pour un temps, mais maintenant que les épiceries ont été approvisionnées, on n'est plus autant occupé. »
« Alors oui, le service est toujours offert aux gens s' ils l'ont besoin, mais nous n’avons pas remarqué une hausse importante depuis que nous sommes passés en phase rouge. Nous avons reçu quelques nouvelles commandes, mais ça ne se compare pas au printemps dernier. »
Jocelyn Boudreau va dans le même sens : « Nous sommes repassés en phase rouge depuis peu et nos ventes ont doublé parce que les gens paniquent. Mais je dirais que c’est définitivement quelque chose qu’on poursuivra si les résultats sont au rendez-vous. »
Et finalement, les Gâteries JR’s Treats suivront aussi la demande : « Veut, veut pas, on ne sait pas combien de temps la pandémie va durer et encore moins à quoi ressemblera le quotidien une fois cette dernière finie. »
« Retournons-nous réellement à la normale ou est-ce qu’il s’agira d’un « nouveau normal »? C’est difficile à dire et à prévoir… Mais nous sommes prêts à nous adapter aux besoins de nos clients et des clients du Marché de Dieppe. D’une manière ou d’une autre, nous continuerons à effectuer des livraisons tant qu’il y aura un besoin », conclut Nicole LeBlanc.